Dans le monde, chaque jour, plus de 800 personnes meurent des suites de brûlures au troisième degré. En France, près de 12 000 patients sont hospitalisés chaque année pour des brûlures graves, dont 30 % sont des enfants de moins de 5 ans. L’amélioration du pronostic des brûlures sévères constitue un enjeu majeur de santé publique et toutes les alternatives thérapeutiques sont envisagées. L’une d’elles, les plasmas froids, pourrait s’avérer intéressante.
La physique des plasmas utilisée contre les brûlures
Et si la physique pouvait venir en aide aux médecins pour soigner les patients atteints de brûlures sévères. Récemment, des chercheurs français se sont intéressés à l’effet des plasmas froids sur des brûlures graves chez des animaux. Leurs résultats viennent d’être publiés dans la revue scientifique Journal of Pathology.
Les plasmas atmosphériques froids constituent une approche physique. Les plasmas sont des fluides de particules ionisées correspondant à un quatrième état de la matière (les trois premiers états étant le solide, le liquide ou le gaz).
À savoir ! Les plasmas évoqués ici font référence à un état physique de la matière. Ils n’ont aucun rapport avec le plasma sanguin, qui est la partie liquide du sang.
Il existe deux grands types de plasmas :
- Les plasmas thermiques ou chauds, dont la température est extrêmement chaude ;
- Les plasmas non thermiques ou froids, qui correspondent à des gaz partiellement ionisés et dont la température est largement inférieure à celle des plasmas chauds.
Une guérison plus importante et plus rapide
Les plasmas atmosphériques froids utilisés dans cette étude sont des gaz partiellement ionisés, dont la température est légèrement supérieure à celle de l’atmosphère. Ils sont obtenus en appliquant une décharge électrique à un gaz.
Dans un premier volet, les chercheurs ont travaillé sur des cultures cellulaires. Ils ont montré qu’un plasma froid issu d’hélium stimulait la production d’oxyde nitrique et favorisait la migration et le regroupement de cellules. Ces phénomènes sont ceux décrits lors de la phase de prolifération cellulaire du processus de guérison d’une blessure.
Dans un second temps, ils ont travaillé sur des souris atteintes de brûlures au troisième degré. L’utilisation des plasmas froids a entraîné plusieurs effets positifs :
- Une augmentation de l’angiogenèse (formation de nouveaux vaisseaux sanguins), avec une prolifération cellulaire et une amélioration du processus de guérison ;
- Une stimulation de la production d’oxyde nitrique et de marqueurs de l’angiogenèse.
Un meilleur pronostic pour les brûlures du 3ème degré
Les chercheurs ont conclu que les deux phases de l’étude mettaient en évidence plusieurs effets favorables de l’application des plasmas froids sur la guérison des brûlures sévères. Les mécanismes expliquant ces effets demeurent pour l’instant inconnus, même si quelques hypothèses ont été avancées. La formation du plasma froid, par ionisation de l’hélium, produit notamment des espèces réactives de l’oxygène et de l’azote, comme l’oxyde nitrique. L’oxyde nitrique, issu du plasma froid et de son action sur les cellules, pourrait expliquer la guérison plus rapide, mais il est possible que d’autres mécanismes participent.
Actuellement, la greffe de peau est la technique la plus utilisée pour reconstituer la peau, après des brûlures du troisième degré étendues. L’application de plasmas froids après les greffes de peau pourrait favoriser la cicatrisation. Les plasmas froids, utilisés à petites doses, pourraient ainsi contribuer à améliorer le pronostic des grands brûlés.
Estelle B. / Docteur en Pharmacie