Face aux brûlures les plus graves, la greffe de peau peut devenir incontournable pour remplacer la peau détruite. Récemment, des chercheurs français ont mis en évidence une nouvelle cible moléculaire pour activer les cellules souches cutanées. Une avancée importante pour la médecine régénérative de la peau, qui vient d’être publiée dans la revue scientifique Nature Biomedical Engineering. Explications.
Brûlure et greffe de peau
Chez les grands brûlés, une ou plusieurs greffes de peau sont nécessaires pour reconstituer les étendues de peau détruites par la brûlure. Le plus souvent, la greffe de peau s’effectue en deux étapes successives, quelques jours après la brûlure :
- Le prélèvement d’un fragment de peau non lésé chez le patient ;
- La greffe de ce fragment de peau au niveau des parties cutanées brûlées.
Chez les grands brûlés, la surface de peau lésée peut être difficile à traiter avec cette technique. Les médecins ont alors recours au prélèvement de cellules cutanées, qui sont ensuite mises en culture en laboratoire, pour produire des fragments de peau à greffer. Mais les techniques de culture de fragments cutanés restent encore à améliorer pour optimiser les greffes de peau.
Optimiser le potentiel de régénération de la peau
En effet, lorsque les médecins prélèvent un échantillon de peau, celui-ci contient deux types de cellules cutanées :
- Des kératinocytes matures (les cellules de l’épiderme) ;
- Un petit nombre de cellules souches kératinocytaires, qui possèdent le potentiel de régénération de la peau.
Actuellement, les techniques de culture sont basées sur une amplification massive des kératinocytes, mais elles s’accompagnent souvent d’une diminution du nombre et de la qualité des cellules souches. Ainsi, les greffons cutanés produits ont un potentiel de régénération cutanée amoindri.
Les chercheurs français ont démontré qu’une substance particulière, le facteur de transcription KLF4, jouait un rôle majeur dans le contrôle de la prolifération des cellules souches cutanées et donc dans leur potentiel régénératif. En diminuant l’expression du facteur KLF4 pendant la culture de fragment de peau, les chercheurs ont observé deux phénomènes :
- Une amplification rapide des cellules souches fonctionnelles ;
- Une stabilité génomique de ces cellules souches.
Une avancée pour la médecine régénérative cutanée
Les fragments de peau cultivés avec une diminution de l’expression du facteur KLF4 présentaient un meilleur potentiel régénératif à long terme sur deux modèles :
- Un modèle de reconstruction épidermique in vitro ;
- Des greffes de peau in vivo.
Le facteur KLF4 représente une cible moléculaire pour préserver les potentialités des cellules souches cutanées et ainsi obtenir des greffons cutanés de meilleure qualité. Des études complémentaires restent nécessaires pour explorer les applications cliniques de cette découverte. Dans tous les cas, cette étude marque une avancée pour la médecine régénérative cutanée et tissulaire, en particulier pour les soins des grands brûlés, des ulcères chroniques et la reconstruction mammaire.
Estelle B., Docteur en Pharmacie